Shadow of the Colossus

Si je vous dis que j’ai acheté une playstation 2 pour ce jeu (et Ico, le précédent jeu des mêmes auteurs sorti en 2002), je vous montre que déjà, question jeux-vidéo, on entre dans quelque chose de grand.

En effet, déjà avec Ico, jeu d’aventure-plateformes qui vous mettait aux mains d’un jeune garçon cornu enfermé dans un donjon et dont le but était de s’en sortir en partenariat avec une jeune fille étrange, on touchait au sublime. Parce que loin de faire du média jeux-vidéo un outil pour décérébrés, Ico état avant tout une fable, sensible et poétique, à laquelle on avait la chance de pouvoir jouer. Un donjon aux perspectives proche du gigantisme, votre petit personnage perdu sans repères dans cet enfer de murailles d’où on peut à tout moment voir le lointain, les plaines luxuriantes et la mer libératrice. Une jeune fille étrange, perdue au centre de ce lieu sans vie, qui, cependant en phase avec celui-ci, va vous permettre de passer les portes magiques. Le côté fort de cette association est le fort potentiel affectif et émotionnel qui vous lie au personnage. Frêle, la jeune fille n’est pas le petit bonhomme casse-cou que vous incarnez. Il vous faudra la prendre par la main pour qu’elle avance à votre pas, aller la chercher lorsqu’elle a peur... C’est beau. De la réflexion, de la contemplation, de l’exploration, une belle mise en scène, le jeu est devenu culte.

C’est pourquoi Shadow of the colossus, des mêmes concepteurs, était grandement attendu. Suite ou pas suite ? Ici vous incarnez un jeune chevalier qui dépose dans un temple de contrées oubliées le corps inanimé de sa bien aimée. Pour récupérer l’âme de cette dernière il se voit affronter 16 colosses et titans endormis. Avec son cheval il se dirige vers le premier lieu où il trouvera son adversaire. Un titan de trois étages surgit du flan d’une montagne et répond à votre attaque. Il ne fera rien si vous ne le défiez pas... Ami ou ennemi ? Pas le temps de chercher à comprendre, vous voilà en train de l’escalader pour chercher son point faible. Une fois trouvé, vous accrochant tant bien que mal alors que le monstre vous secoue pour vous faire partir telle une vilaine puce, vous le poignardez jusqu’à la mort. Après quelques coups il tombe avec fracas au sol, défait. Alors que vous partez, une émanation filandreuse obscure vous transperce. Quelle est cette malédiction qui vous poursuit ?

Shadow of the Colossus est un jeu spectaculaire, où toutes les idées les plus épiques prennent corps, où l’implication émotionnelle dans l’histoire et ses personnages prend une tournure dramatique, et ce en raison d’une mise en scène, d’un graphisme épuré et onirique, d’une réalisation générale sublime.

Un second chef d’œuvre vidéoludique, qui vient prendre sa place au panthéon des jeux qui marquent le média par leur excellence.