Donjon

Le concept de départ de Donjon, c’est une parodie de l’univers de l’héroic-fantasy matinée de jeu de rôle qui a fait les beaux jours (voire l’exclusivité) de la BD française dans les années 70-80.

La parodie est signée Trondheim, grand touche à tout de la nouvelle BD française, et qui reprend ici son style animalier pratiqué notamment dans sa série Lapinot.

Il signe ainsi un premier album drôle, potache, décomplexé où un canard hérite par mégarde d’une épée ensorcelée qui parle et qui l’oblige à accomplir des hauts-faits comme dézinguer un gobelin ou sauver une princesse. Seulement le canard, un, il ne sait pas faire tout ça, deux il n’en a rien à faire. Sauf que voilà, tant que cela ne sera pas fait il ne pourra pas enlever la ceinture, et l’épée pipelette avec. C’est le début des rencontres avec les personnages qui gèrent et peuplent le donjon, lieu mythique et par là-même point d’axe de tous les événements à venir.

Lewis Trondheim ne fait pas que développer cette saga, appelée "zénith". Avec Joan Sfar ils imaginent le passé et le futur de cette période et en font des séries parallèles : "potron-minet", par Christophe Blain, racontera l’histoire de la jeunesse du gardien du donjon, tandis que "crépuscule", par Sfar, racontera ce qu’il advient du donjon et de la planète une fois que le canard aura récupéré tous les objets magiques du destin et que l’apocalypse est là.

Ces trois périodes permettent de s’amuser à tisser des liens de cause à effet entre les personnages et à créer un véritable jeu entre les albums.

Ils ne s’arrêtent pas là en créant deux autres séries parallèles (les coquins) : "parade" est une série d’albums par Larcenet qui se déroule entre le deux premiers albums de Trondheim et qui met en avant le duo formé par le canard Herbert et le guerrier saurien Marvin, et "monsters" est une série où un auteur bd dessine un album qui prend place à n’importe quel endroit de la chronologie, et qui met en avant un personnage annexe de la saga.

Si "potron-minet" est romantique, "zénith" et "parade" sont loufoques, et "crépuscule" sombre, les albums "monsters" permettent de développer des tonalités différentes qui renforcent l’univers de la saga.

Aujourd’hui, après dix ans et une trentaine d’albums, Donjon peut se vanter de son extrême richesse narrative et graphique.

Actuellement la saga est en pause, les deux scénaristes étant trop occupés pour l’année... espérons qu’ils reviennent pour boucler la boucle !

PS : j’ai participé au concours pour les dix ans de la série. Il s’agissait de faire une bande annonce pour l’anniversaire. J’ai choisi le dessin-animé. Vous pouvez la voir ici :
http://www.ryogasp.com/blog/index.php/?2008/03/31/714-dessin-anime-donjon