Dogville c’est une ville imaginaire paumée dans les Etats Unis. Ses habitants sont au nombre de 15 (sans compter le chien) et ce sont tous de "petites gens" (ils ont des tares, mais ont bon fond). Ils recueillent une jeune femme en fuite (Nicole Kidman) poursuivie par la mafia. Pour se faire accepter elle devra se rendre utile auprès de gens qui estiment n’avoir rien besoin. Lorsque les besoins apparaissent ils deviennent indispensables. Elle devient leur amie. Quand cacher la jeune femme devient plus dangereux, les villageois exigent de plus en plus de celle qu’ils traitent comme une esclave... Dogville devient une ville de chiens.
La progression narrative des relations entre villageois et étrangère est particulièrement intéressante et bien menée. L’autre particularité de ce film est que c’est une sorte de huis clos : tout se passe dans le village, certes, mais surtout il n’y a PAS de village ! Les maisons n’existent pas et sont symbolisées par un tracé sur le sol, un peu comme dans le jeu PC des "Sims" (dont le film reprend plusieurs trucs comme les plongées extrêmes, les accélérations de temps...). En gros tout le film est tourné dans un studio, ce qui lui donnerait un aspect plutôt expérimental.... eh bien non car l’histoire reprend le dessus, la mise en scène fait comme si le décors existait, et après tout on s’en moque un peu tant il se passe de choses à Dogville.
Tout le monde vit côte à côte sans se voir, les murs sont invisibles et pourtant ils existent. Ce sont ces murs dressés entre les gens qui vont les anéantir les uns après les autres, chacun révélant sa nature. Nous avons tous nos faiblesses, qui font notre humanité, certes, mais jusqu’à un certain point acceptable...