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2001, l’odyssée de l’espace

I’m sorry, Dave. I’m afraid I can’t do that.

Réalisateur :

lundi 10 décembre 2001, par Richard

L’aube de l’humanité, il y a 4 millions d’années : de grands singes tentent de survivre... Un jour, ils découvrent un monolithe de couleur noire. Un des singes a l’idée de prendre un os et de s’en servir comme d’une arme. C’est le début de l’évolution de l’humanité...

En 2001, sur la Lune : une expédition américaine est chargée de percer le mystère d’un mystérieux bloc de métal noir découvert par le docteur Floyd sur la surface du satellite. L’équipe, à bord du vaisseau Discovery, a été alerté par un signal émis de Jupiter. A bord, tous les membres de l’équipage sont placés en état d’hibernation. Seuls deux astronautes conversent avec Hal 9000, l’ordinateur contrôlant le Discovery.. Ce dernier, soupçonné d’être l’auteur d’une erreur technique volontaire, provoque la mort d’un des deux astronautes et de l’équipage en hibernation. Le dernier astronaute parvient à fausser ses circuits, mais à l’approche de Jupiter, il est précipité dans l’espace et le temps...

L’odyssée d’un film

Après le succès de son film "Le docteur Folamour" en 1964, Stanley Kubrick, réalisateur originaire du Bronx, connaît l’estime des grands studios hollywoodiens. La M-G-M lui offre la possibilité, moyennant une grosse avance financière, de réaliser un film de science-fiction, projet que Kubrick a dans la tête depuis déjà quelques années...

Le scénario est signé par Stanley Kubrick et Arthur C.Clarke, grand auteur de science-fiction. Stanley Kubrick à envie de faire un film de SF radicalement différent : "the proverbial good science-fiction movie", comme il le lui écrit dans une de ses lettres. L’auteur, déjà connu pour ces nombreux romans plaçant l’espace et la science au centre de ses préoccupations comme "Les enfants d’Icare" (1953) ou "La cité et les astres" (1956), propose à Kubrick d’adapter une de ses nouvelles, "La Sentinelle", parue en 1948. Ils passent près de deux années à l’adaptation cinématographique. Les prises de vue sont réalisées en Angleterre durant trois années.

2001, l’odyssée de l’espace modifia à jamais le film de science-fiction. Le film s’attache à montrer la place -infiniment modeste- de l’homme dans l’univers. Ici, pas de grands effets à suspense, de monstres extra-terrestres.

A sa sortie et même de nos jours, le film ne fait pas l’unanimité : certains le trouve prétentieux et incompréhensible. L’histoire peut en effet en décontenancer plus d’un : le "trip" final dans lequel le dernier astronaute voyage dans l’espace aux couleurs psychédéliques, entre dans une chambre à coucher du XVIIIe siècle de style français, revit son existence avant de se retrouver à l’état de vieillard et meurt... pour se transformer en fœtus, à de quoi surprendre ! Le film est une pure merveille visuelle et a pour principale qualité d’innover totalement : l’espace est filmé dans un silence mystique. Peu de scènes comportent des dialogues. Il ne s’agit donc pas d’une histoire linéaire, mais aucun de ces détracteurs ne peut nier l’influence sur toutes les histoire spatiales qui ont suivi dans les films de science-fiction.

Les nombreux défenseurs du film considèrent qu’il ne s’agit pas seulement d’un des meilleurs films de SF ou des années 60, mais d’un des plus grands films de tous les temps.

A l’opposé des films de science-fiction américain de la période de la guerre froide, l’homme n’est plus l’être supérieur dominant d’hypothétiques extra-terrestre ou autre monstre de l’espace. Ici, l’ennemi est bien plus insidieux : c’est une machine créée par l’homme lui-même. Le scénario et le film explore donc l’avenir que l’homme s’est lui même construit et en explore ses prolongements matériels, psychologiques et philosophiques... Le scénario s’écarte du texte original de Clarke et ce dernier écrira par la suite un roman éponyme, lui-même assez différent du film. Clarke jugeait certaines scènes trop hermétiques et en donna une version plus explicite : pour lui, le thème global est de montrer l’humanité conduite dans une évolution perpétuelle par des forces extra-terrestres jamais nommées mais bien présentes. Leur intervention se situe dès les premiers hommes et se symbolise par l’apparition d’un monolithe noir à chaque étape cruciale de cette évolution.

Un super documentaire

En 1968, les Etats-Unis et l’Union Soviétique sont en pleine course vers la lune. Depuis 1961, les deux nations envoient des vaisseaux habités autour de la Terre mais à la sortie du film, personne n’a encore atterri sur la Lune ; ce n’est qu’en juillet 1969 que Armstrong marchera sur la Lune avec la mission Apollo. L’intérêt pour les astronautes et l’espace est à son apogée... Stanley Kubrick s’est donc méticuleusement documenté sur les dernières technologies, il offre une vision quasi-documentaire des voyages spatiaux commerciaux. Dans l’avenir de Kubrick, ces voyages sont identiques à ceux que l’on aurait pu faire en traversant l’océan avec un transatlantique : des mondanités dans les salles d’attente, des conversations via écran vers la Terre, etc...

Kubrick s’appuie donc avant tout sur des bases scientifiques solides, avec le recours d’ingénieurs de la NASA, il crédibilise les moindres détails des voyages spatiaux. Les maquettes de Douglas Trumbull ont un coté réaliste et leur ballet sur les valses de Strauss sont une merveilleuse féerie visuelle.

Dans son souci de réalisme, Kubrick se rapproche de films comme "Destination Lune" (1950), produit par George Pal et réalisé par Irving Pichel. Il apporte un soin minutieux pour montrer la vie quotidienne à bord d’un vaisseau spatial dans ses moindres gestes. Tout en dépassant le cadre étriqué du documentaire, il va poser des questions existentielles sur l’humanité...

Avant et après 2001 !

Même s’il a a fait l’objet de reproches, Stanley Kubrick a réussi son objectif : réaliser un film comme il n’en existait pas ! 2001, l’odyssée de l’espace n’a pas de référence dans la globalité de son traitement. Le réalisateur ne donne pas toutes les clés des énigmes du film, qu’il ne connait sans doute pas non plus, mais le résultat n’en a que plus de forces. Il a d’ailleurs déclaré dans le magazine Playboy en 1968 :
"J’ai essayé de créer une expérience visuelle, qui contourne l’entendement et ses constructions verbales, pour pénétrer directement l’inconscient avec son contenu émotionnel et philosophique. J’ai voulu que le film soit une expérience intensément subjective qui atteigne le spectateur à un niveau profond de conscience, juste comme la musique ; "expliquer" une symphonie de Beethoven, ce serait l’émasculer en érigeant une barrière artificielle entre la conception et l’appréciation. Vous êtes libre de spéculer à votre gré sur la signification philosophique et allégorique du film, mais je ne veux pas établir une carte routière verbale pour 2001 que tout spectateur se sentirait obligé de suivre sous peine de passer à côté de l’essentiel"

Sa mise en scène est éblouissante : la transformation de l’os préhistorique en vaisseau spatial et sans nul doute la plus grande ellipse de l’histoire du cinéma. Il débarrasse la SF de toutes les naïvetés du genre, répudie monstres extra-terrestres et combats spatiaux, et réalise le premier film SF adulte. Comme beaucoup l’on écrit, désormais, il y a avant et après 2001.

Et on est en 2001 ! Splendide...

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